Obenga and Amselle: two recent appraisals of Wim van Binsbergen's stance on Afrocentrism / Obenga et Amselle: deux évaluations récentes de la position de Wim van Binsbergen sur l'Afrocentrisme







to homepage

Bien récemment, deux auteurs francophones prominent (Théophile Obenga et Jean-Loup Amselle) ont évalué la position de Wim van Binsbergen sur l'Afrocentrisme et le débat sur Black Athena. Vous trouverez leur opinions ci-bas, avec des notes biographiques et bibliographiques. L'inclusion de ces évaluations n'implique point que Wim van Binsbergen soit d'accord avec elles.   Very recently, two prominent francophone authors (Théophile Obenga et Jean-Loup Amselle) have assessed Wim van Binsbergen's stance on Afrocentrism and the Black Athena debate. Their appraisals appear below in full, with biographical and bibliographical notes. The inclusion of these appraisals here does not imply that Wim van Binsbergen agrees with them.

 

Obenga, T., 2001, Le sens de la lutte contre l’afrocentrisme eurocentriste, Gif-sur-Yvette (Cedex)/ Paris: Khepera/ L’Harmattan.
(français)   (English; translation WvB)

[ p. 23 ] ‘De toutes les contributions à l’ouvrage collectif de Fauvelle-Aymar et alii, c’est l’article de Wim van Binsbergen qui est seul objectif: ‘‘Dans le troisième millénaire avec ‘Black Athena’?’’, pp. 127 - 150. L’ouvrage de Bernal a mis à plat l’eurocentrisme et l’hellénomanie. C’est l’un des grands défis intellectuels de notre temps. Notre futur global doit en tenir compte, et élargir en questionnements le travail exceptionnel inauguré par Bernal. Je partage l’espoir de van Binsbergen, esprit sagace et ouvert à la variété culturelle humaine, sans réflexe colonisateur, sans mépris africaniste, sans racisme eurocentriste.’
 
[ p. 23 ] ‘Of all contributions in the collective volume of Fauvelle-Aymar et alii, only the article by Wim van Binsbergen is objective: ‘‘Into the third millennium with ‘Black Athena’?’’, pp. 127 - 150. Bernal’s book has dealt a fatal blow to Eurocentrism and Hellenomania. It constitutes one of the great intellectual challenges of our time. Our global future has to take it into account, broadening into specific research questions the exceptional work which Bernal has initiated. I share van Binsbergen’s hope, and recognize in the latter a fine mind open to the cultural variety of mankind, -- a mind free of colonial instincts, free of Africanist contempt, free of Eurocentrist racism.’

Théophile Obenga est Chef du Département des Études africaines, Université d’État de Californie, San Francisco. Pendant ces trente années, il s’est revendiqué comme le principal interprète, et puis succédeur, de Cheikh Anta Diop. Les méthodes historiques et notamment linguistiques d’Obenga ont été attaquées par plusiers contributeurs au livre collective de Fauvelle c.s. -- d’une façon factuelle et détachée de la par de l’égyptologue Vernus, d’une façon plus passionnante de la part du linguiste Tourneux, et d’une façon sarcastique et écrasante de la part de l’historien Chrétien, un des directeurs de l’ouvrage. Obenga 2001 is une contre-attaque aveuglement furieuse, alternant entre des points fins de détail linguistique, et des accusations trop générales de racisme. Je suis heureux d’avoir survi l’auto-da-fé d’Obenga; le bref passage cité ci-haut est le seul traitant de moi dans le livre entier. Néanmoins j'aurais préféré un traitement plus civil de mes co-collaborateurs.(WvB)
 
Théophile Obenga is Head of the Department of African Studies, State University of California, San Francisco. Over the past thirty years, he has articulated himself as the main African interpreter and subsequently successor of Cheikh Anta Diop. Obenga’s historical and especially linguistic methods came under detailed attack from several contributors to the Fauvelle c.s. book -- in a factual and detached manner from the part of the Egyptologist Vernus, in a more spirited way by the linguist Tourneux, and in a devastatingly sarcastic way by the historian Chrétien, one of the editors of the book. Obenga 2001 is a blindly furious counter-attack, alternating between fine points of linguistic detail, and sweeping accusations of racialism. I am happy to have escaped Obenga’s auto-da-fé; the short passage cited above is the only one devoted to me in the entire book. Yet I would have preferred a more civil treatment for my fellow-contributors. (WvB)

cf.
Bernal, M., 1987, Black Athena: The Afroasiatic Roots of Classical Civilization, Vol. I, The Fabrication of Ancient Greece 1787-1987, London: Free Association Books/ New Brunswick: Rutgers University Press
Bernal, M., 1991, Black Athena: The Afro-Asiatic Roots of Classical Civilization. II, The Archaeological and Documentary Evidence. London: Free Association Books; New Brunswick, N.J.: Rutgers University Press.
Fauvelle-Aymar, F.-X., Chrétien, J.-P., & Perrot, C.-H., 2000, eds., Afrocentrismes: L’histoire des Africains entre Égypte et Amérique, Paris: Karthala
van Binsbergen, W.M.J., 2000, ‘Dans le troisième millénaire avec Black Athena?’, in: Fauvelle-Aymar, F.-X., Chrétien, J.-P., & Perrot, C.-H., Afrocentrismes: L’histoire des Africains entre Égypte et Amérique, Paris: Karthala, pp. 127-150(WvB)

Amselle, J.-L., 2001, Branchements: Anthropologie de l’universalité des cultures, Paris: Flammarion:

[p. 98 ] ‘Bien qu’il s’en défende, c’est également dans le cadre d’une problématique essentialiste et hyperdiffusionniste que l’anthropologue hollandais Wim Van Binsbergen se fait le défenseur de l’afrocentrisme en général et de l’oeuvre de Bernal en particulier (...). Il loue en effet chez l’auteur de Black Athena le fait pour un Blanc d’avoir su se montrer sensible aux idées afrocentristes et déplore symétriquement que les africanistes - pour la plupart des Blancs de l’Atlantique Nord (North Atlantic Whites), si prompts à débusquer l’idéologie chez les autres, soient si peu enclins à balayer devant leur propre porte.’
 
[ p. 98 ] ‘Although he defends himself against such an allegation, it is likewise [ like in the case of Bernal ] in the framework of an essentialistic and hyperdiffusionist framework that the Dutch anthropologist Wim van Binsbergen poses as the defender of Afrocentrism in general and of Bernal’s work in particular. In fact, he praises the author of Black Athena for his capability (as a White man) of demonstrating sensitivity to Afrocentrist ideas, and by the same token he deplores the fact that Africanists -- in majority ‘‘North Atlantic Whites’’, who are so keen to detect the ideology in others, are so little inclined to sweep their own street.’

[ 104 ] ‘En adoptant la posture afrocentriste, Van Binsbergen suppose du même coup, à la manière d’Edward Saïd dans son livre célèbre, L’Orientalisme (...), une posture symétrique et inverse ‘‘eurocentriste’’, notion qui était sans doute légitime au XVIIIe et au XIXe siècle alors que l’Afrique et les Africains étaient l’objet d’un dénigrement quasi général mais qui, aujourd’hui, est loin de correspondre à la diversité des points de vue adoptés par les anthropologues africanistes non africains que Van Binsbergen qualifie de ‘‘North Atlantic Whites’’.’
 
[ 104 ] ‘While adopting the Afrocentrist stance, Van Binsbergen -- much like Edward Saïd in his famous book Orientalism (...) -- assumes the existence [ in others ] of a complementary, inverse ‘‘Eurocentrist’’ stance. Such an assumption was no doubt legitimate in the XVIIIth and XIXth century when Africa and the Africans were nearly universally painted in the darkest and most contemptuous colours, but today that assumption scarcely does justice to the diversity of vioewpoints adopted by non-African Africanist anthropologists, whom Van Binsbergen characterises as ‘‘North Atlantic Whites’’.’

[ 107 ] ‘Le privilège accordé par certaines universités nord-américaines à un recrutement ethnique ou communautaire de même que la volonté de certains Africains d’accéder, au nom de leur origine africaine, à des postes dans l’enseignement supérieur européen constituent évidemment une menace directe à la perpétuation de certaines disciplines comme l’histoire ancienne (...) ou l’africanisme, disciplines qui pretendent à une objectivité absolue indépendamment de la qualité de leurs représentants.’
 
[ 107 ] ‘The privilege accorded by certain North American universities to recruiting along ethnic or communal lines, as well as the wish among certain Africans to take up, in the name of their African origin, appointments in European university education, obviously constitute a direct threat to the perpetuation of centain disciplines such as ancient history or African Studies, -- disciplines which claim an absolute objectivity independent from the characteristics of their representatives [ in terms of ethnic or continental origin, or somatic traits ] .’

[ 108 ] ‘La recherche des ‘‘survivances’’ ou des ‘‘origines’’ constitue d’ailleurs le fond de commerce de I’anthropologie ou des sciences sociales, notamment lorsqu’elles sont confrontées à l’étude des communautés transplantées ou des diasporas, ce qui explique que, même si nombre d’anthropologues, d’historiens ou de linguistes ne sont pas prêts à assumer jusqu’au bout les thèses afrocentristes, ils ressentent toutefois une certaine gêne face à la mise en cause radicale de ces idées puisque leur légitimité professionnelle s’appuie en fait sur l’existence de communautés revendiquant une autonomie culturelle. Si l’on ajoute à cela que I’africanisme en tant que discipline est de plus en plus menacé par les Africains-Américains et les Africains’
 
[ 108 ] ‘Besides, the seach for ‘‘survivals’’ or ‘‘origins’’ constitutes the last resort of anthropology and the social sciences, in particular when these are engaged in the study of transplanted communities or diasporas. This explains the following contradiction: a great many anthropologists, historians and linguists are not prepared to adopt the Afrocentrist theses lock, stock and barrel, yet they display a certain embarrassment when these ideas are radically confronted; for their professional legitimacy is in fact based on the existence of communities that claim cultural autonomy. If to this we add the fact that African Studies as a discipline is increasingly threated by African Americans and by Africans’

[ 109 ] ‘qui revendiquent leur place au sein du système universitaire occidental sur la base de leur appartenance phénotypique, on comprend aisément que certains anthropologues comme W. Van Binsbergen, notamment, se fassent les prophètes ‘‘blancs’’ de l’afrocentrisme (...) ou que certains historiens comme C. Coquery-Vidrovitch aient une attitude ambiguë par rapport à cette doctrine  (...) et encouragent la croisade entreprise par les chercheurs africains en mal d’obtention de postes (...). En cela ils espèrent sans doute bénéficier d’un traitement de faveur de la part de ceux qui, au sein d’un climat général que l’on peut qualifier de multiculturaliste, seront de moins en moins enclins à se contenter d’un discours produit par des membres non autorisés, c’est-à-dire ‘‘racialement non corrects’’, de la discipline. C’est ainsi que le terme ‘‘africanisme’’ lui-même devient suspect, en tant que symbole d’une discipline étrangère à son objet parce que somatiquement différente de celui-ci.’
 
[ 109 ] ‘who claim a place for themselves inside the Western academic system on the basis of their phenotypical identity, then one understands easily why certain anthropologists like, notably, Wim van Binsbergen, pose as the ‘‘white’’ prophets of Afrocentrism (...), or why certain historians like C. Coquery-Vidrovitch would have an ambiguous attitude vis-à-vis that doctine, and why they encourage the crusade undertaken by African researchers who have not been able to secure appointments (...) In doing so, people [ like Van Binsbergen and Coquery-Vidrovitch ] no doubt hope to benefit from a preferential treatment on the part of those who, in a climat one could characterise as multiculturalist, would be less and less inclined to be satisfied with a [ scholarly ] discours produced by by unauthorised members of the discipline [ of African Studies ] , i.e. members who [ by analogy with the expression ‘‘politically correct’’ ] could be said to be ‘‘racially incorrect’’. In this way the term ‘‘African Studies’’ itself becomes suspect, as symbol of the fact that the discipline is foreign to its object because it is somatically different from that object.’

Jean-Loup Amselle, professeur d’anthropologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, est un des principaux théoreticiens français de l’ethnicité, et des historiens de l’anthropologie comme discipline scientifique; en plus, il est spécialiste sur les transformations socio-culturelles en Afrique de l’Ouest. Son livre Branchements est une contribution importante à l’étude de la mondialisation culturelle, qui a surgi recemment comme champs d’étude. Son chapitre sur l’afrocentrisme (pp. 81-110) était écrit avant qu’il n’avait lu ni le livre de Stephen Howe (1998) et ni le livre de collectif de Fauvelle c.s. (2000); pour cela, ce chapitre constitute une contribution originale et indépendente au débat sur l’afrocentrisme, -- débat qui rage en France aujourd’hui. (WvB)
 
Jean-Loup Amselle, professor of anthropology at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, has been one of the major French theoreticians of ethnicity, and historians of anthropology as a scientific discipline, besides being a specialist on West African socio-cultural transformations. His book Branchements is an important contribution to the recently emerged study of cultural globalisation. His chapter on Afrocentrism (pp. 81-110) was written before he had read Stephen Howe’s 1998 book and Fauvelle c.s. 2000 book, and therefore constitutes an original and independent contribution to the debate on Afrocentrism now raging in academic France. (WvB)

cf.
Bernal, M., 1987, Black Athena: The Afroasiatic Roots of Classical Civilization, Vol. I, The Fabrication of Ancient Greece 1787-1987, London: Free Association Books/ New Brunswick: Rutgers University Press
Bernal, M., 1991, Black Athena: The Afro-Asiatic Roots of Classical Civilization. II, The Archaeological and Documentary Evidence. London: Free Association Books; New Brunswick, N.J.: Rutgers University Press.
Coquery-Vidrovitch, C., 1991, ‘A propos de ‘‘La pensée de Cheikh Anta Diop’’ d’Alain Froment’, Cahiers d’Etudes Africaines, 32, 1, 125: 133-138.
Said, E.W., 1978, Orientalism. London: Routledge & Kegan Paul., repr. 1979, New York: Random House, Vintage Books.
van Binsbergen, W.M.J., 1997, ‘Black Athena Ten Years After: Towards a constructive re-assessment’, in: van Binsbergen, W.M.J., 1997, ed., Black Athena: Ten Years After, Hoofddorp: Dutch Archaeological and Historical Society, special issue, Talanta: Proceedings of the Dutch Archaeological and Historical Society, vols 28-29, 1996-97, pp. 11-64 (WvB)

 

to homepage

 

page last modified: 20-04-13 12:33:59      
Easy Submit Add Me!